Delhi, nous sommes le 12 juillet. Nous étions en train de
déjeuner dans un des nombreux restaurants cachés sur les toits de Pahar Ganj,
lorsque la mousson sévissait et durait depuis plus de deux heures. Alors nous avons
préféré griffonner quelques lignes à l’abri plutôt que de prendre une douche
made in India.
Ce soir nous devons prendre notre premier train qui nous emmènera
à Jodhpur dans la région du Rajasthan située plutôt au nord-ouest de l’Inde, et
au sud-ouest de Delhi ; nous devons retourner à l’hôtel pour relever nos
numéros de sièges, car nous avons booké des billets RAC « Registred
Against Cancelation », c’est-à-dire que nous aurons une couchette
uniquement si des réservations venaient à être annulées, au pire nous aurons
toujours une place assise, peut-être une couchette à se partager. Nous avons
laissé toutes nos affaires de camping, le carrix, les vêtements chauds ainsi
que notre matériel d’escalade au guest house afin de voyager léger durant notre
périple Rajasthanné. Nous espérons retrouver notre équipement à notre retour
sur Delhi avant de se diriger vers le Tibet indien.
Il pleut toujours, le bruit de la pluie a tendance à
estomper les furieux rugissements des klaxons des innombrables rickshaws, voitures
et deux roues se frayant un passage entre la foule et la jungle mécanique de
Pahar Ganj. La pluie nettoie l’atmosphère remplie de poussière et particules de
monoxyde de carbone qui nous collent à la peau, la faisant retomber sur ce
semblant de voie publique… La température descend de quelques degrés ce qui n’est
pas pour nous déplaire. Il faut bien trouver des points positifs à la pluie !
A notre arrivée, pourtant il faisait beau. Nous sommes en période de
pré-moussons et il pleut une fois par
jour pendant une dizaine de minutes, excepté aujourd’hui .
Notre arrivée était plutôt folklorique. Nous sommes arrivés,
fatigués, à 7H30 du matin au centre de Delhi près de la gare ferroviaire. Un
indien voulant nous aider nous informa que c’était la fête de Krishna pendant
trois jours et qu’il fallait un « Permission Pass » pour accéder au
quartier de Pahar Ganj, on lui indiqua que nous avions réservé une chambre dans
un hôtel de ce quartier et qu’il nous attendait, ce dernier proposa alors de
les appeler afin qu’il vienne nous chercher. Il prit son téléphone et composa
le numéro de l’hôtel (il me montra le numéro sur l’écran) avant de me passer le
concierge. Je lui indiquais que nous avions réservé une chambre au nom de
Christelle, il me répondit après une minute de recherche qu’il n’avait pas ce
nom sur son carnet de réservation et que l’hôtel était « FULL ».
Dépité, je raccrochai le téléphone. L’indien nous indiqua alors l’office de
tourisme et nous trouva un rickchaws pour 50 roupies. Après trois minutes de
trajet nous nous retrouvions devant un office de tourisme qui avait l’air d’une agence de voyage….. Qui a tenté de nous vendre des prestations
hors de prix… En bref on constatait qu’on nous prenait pour des pigeons de
touristes que nous étions. Après s’être fait balader pendant deux heures nous avons
trouvé une agence de tourisme agréée par le gouvernement Indien, nous sommes
tombés sur un autre indien qui parlait
français. Ce dernier pouvait nous trouver une chambre pour une trentaine d’euros
par nuit ce qui était hors budget vu que nous avons 14€ par jour et par
personne pour vivre pendant 18 mois…. Nous
lui avons raconté notre mésaventure avec le premier indien, il nous répondit qu’il
fallait quand même qu’on aille à l’hôtel , qu’il devait nous attendre, que nous
nous étions faits avoir comme beaucoup, et que la personne qu’on a eu au
téléphone était un complice de l’énergumène qui voulait soit disant nous aider,
et qu’il n’y avait besoin d’aucun « Permission Pass » pour aller là
où nous devions aller…. Résultats des courses 70 roupies et 3 heures de perdus ;
ça nous servira de leçon ! Vingt minutes après nous arrivions en sueur
avec nos bagages à notre Guest House « The Spot » ; la réservation
était bien enregistrée.
Nous venons à l’instant de commander une bouteille de bière,
le serveur m’indique que la bouteille ça ne va pas être possible, mais qu’il
peut en revanche nous la servir dans un service à thé ; « The Special
Tea » J L’alcool
est tabou en Inde, et si il a tendance à se démocratiser il est souvent
dissimulé. Les indiens vont en
général sur les toits des hôtels pour
boire à l’abri des regards indiscrets. La bière vient d’arriver dans une théière
du style thermos en inox accompagnée de deux tasses opaques.
Notre hôtel n’avait que peu d’intérêt si n’est que nous
avions un Wifi empirique, une fenêtre, un ventilateur et une pseudo salle de
bain qui nous permettait de nous décrasser tout en lavant notre linge. Le
personnel de l’hôtel était quant à lui bien sympathique et attentionné ;
nous nous sommes même faits offrir plusieurs fois du Chai (thé au lait, english
attitude of curse !). A noter qu’à l’entrée de notre rue (comme à l’entrée
d’autres rues) il y avait deux pissotières pour hommes où nous sommes obligés
de passer devant en respirant par la bouche ou en ne respirant plus du tout,
afin d’éviter cette si caractéristique et si enivrante fragrance d’ammoniaque
assez caractéristique de Delhi je trouve…. Fétide !
Cette odeur était aussi très présente également dans le quartier de Chandni Chowk qui est un très
grand bazar de quincaillerie s’étalant sur plusieurs rues avec en son centre la
plus grande mosquée d’Inde « Jama Majiid ». Nous n’avons pas osé
entrer dans ce lieu de culte, car il y avait à chacune des entrées des
portiques de détections comme dans les aéroports internationaux, et j’avais
dans mon sac à dos un couteau. Nous avons donc fait le tour. Chandni Chowk est
vraiment à voir, mais je conseillerai aux âmes sensibles de s’abstenir. Si l’architecture
datant de plusieurs siècles est très intéressante à voir au même titre que les
pêle-mêles de fils électriques qui pullulent de tous les côtés descendant jusqu’à
70cm du sol par endroit, la saleté et le handicap de certains peuvent être
rebutant. Nous comprenons maintenant le syndrome du voyageur, je pense que nous-mêmes
ne pourrions pas bien vivre longtemps dans un tel quartier. Malgré tout nous
nous sentons moins oppressé ici, dans ce quartier qui semble profondément plus
authentique que Pahar Ganj.
Nous nous déplaçons surtout en métro car il est bien, bon
marché et climatisé. Il y a un contrôle comme dans les aéroports pour accéder
aux lignes du réseau ; un portique pour les hommes, un portique pour les
femmes ! Il y a également des wagons réservés uniquement aux femmes mais
ces dernières ont le droit de voyager dans n’importe quel wagon. C’est donc à
métro que le troisième jour depuis notre arrivée, que nous sommes allés visiter
le temple du Lotus, très beau temple dont l’architecture ressemble curieusement
à l’opéra de Sydney.
La pluie a cessé, le vrombissement du chaos mécanique
reprend de plus belle.
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C'est tellement bien écrit que j'ai l'impression de lire un livre, un livre qui me rappelle d'ailleurs celui de la cité de la joie.
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Milou